La championne de France de printemps 2010 vue par son dresseur
Mars 2010, nous y sommes, les concours de printemps vont démarrer.
Depuis début Février les conditions d'entrainement sont apocalyptiques.
L'Andalousie a été plongée sous l'eau tandis qu'en France les blés n'ont pas poussé, que les températures sont restées hivernales et que les lièvres n'ont pas fini de « bouquiner ».
J'avoue que et ce malgré la confiance que j'ai en ma chienne tout cela ne s'annonce pas sous les meilleurs auspices. En effet le Bleu de Picardie est avant tout une race CHASSEUSE et donc la végétation rase et l'omniprésence des lièvres risque d'influer énormément sur son mental.
Mais voilà Brindille est une chienne d'exception et, tel un grand attaquant de football, elle saura toute la saison profiter de la quasi totalité des occasions qui se présente à elle en ne les « vendangeant » que rarement (13 présentations: 5 parcours sans oiseaux, mise en présence 8 fois elle se classera 6 fois).
Elle boucle son championnat de printemps avec 1 CACT en concours ouvert à Therdonne et elle me gratifie durant la saison d'un parcours hors du commun du genre qui reste gravé dans la mémoire d'un dresseur (et ça ce n’est pas facile...).
Ce jour là je me présente au juge en sachant, que comme cela arrive de temps à autre pour les races à petits effectifs, il va vraiment falloir qu'elle fasse mieux que les autres car un bleu de Picardie au printemps...
Tout commence très mal: Au bout de son premier lacet un couple vole et elle se met a mettre son nez au sol en arrivant sur la place. D'un angle différent le juge croit qu'elle a mis à l'envol et me le fait remarquer sans tarder. A ce moment je sais qu'il est renforcé dans son idée même si je sais qu'en réalité elle n'a pas fait de faute.
Fin de la minute les choses sérieuses vont commencer. A peine son parcours repris avec brio elle remonte avec autorité et rapidité sur une vingtaine de mètres et s'immobilise les perdrix décollent devant elle.
Je pars la raccrocher et en revenant c'est à mon tour de lui faire remarquer l'autorité avec laquelle elle les a « assurés ».
Le parcours continue et en bout de lacet elle reprend un arrêt .Quand j'arrive les oiseaux volent.
Me voilà donc avec 2 points et les « pendules remises à l'heure ».
Mon temps presque terminé je vois Brindille remonter encore sur une émanation mais cette fois de façon beaucoup plus et même trop prudente pour moi. Je pars sur son arrêt mais il n'y rien. Je comprends alors que le couple s'est divisé, qu'ils courent devant et que cela va être très difficile d'en coincer au moins un car dans ces cas là ils peuvent partir à n'importe quel moment.
Je reviens au juge et je sais qu'avec ma pose d'arrêt servi sans résultat je risque de ne pas gagner.
Alors je la relance et advienne que pourra... Elle part et nasille sur la place puis remonte au galop avant de s'arrêter net. Je courre le plus vite possible et quand j'arrive une perdrix décolle une dizaine de mètres sur ma droite tandis que l'autre part au nez de Brindille à moins de 2 mètres.
Quand je me retourne je vois que le juge est définitivement conquis et n'hésite pas à me dire que celle là il la veut pour la chasse.
Dans ce parcours tout était réuni pour que l'histoire se finisse mal (normalement cela aurait dû se finir mal) et c'est pour cela qu'il y des jours qui restent marqués dans la vie d’un conducteur.
Jean-Christophe PIAT